A – L’actualité de 2011
Contrairement aux années précédentes, je ne reprendrai pas les explications du mauvais état de santé de notre rivière. Pour celles ou ceux qui le souhaitent il reste quelques exemplaires du compte rendu de l’année 2010 où sont exposées les raisons de son dysfonctionnement, vous y trouverez également l’historique de notre association dont l’objectif est de lutter contre l’engravement du lit du Doux et le risque d’inondation qui en découle. L’urgence est de supprimer le verrou formé à la confluence, de restaurer la fonctionnalité naturelle du cours d’eau, de lui redonner sa capacité hydraulique, d’abaisser la ligne d’eau en cas de crue afin d’obtenir une moindre pression sur les digues.
Cette année encore, nous avons assisté à de nombreuses réunions concernant le Rhône, le Doux, les PPRI de nos deux communes mais également à des journées thématiques de l’association Rivières Rhône-Alpes (association dont nous sommes adhérent), les thèmes que nous choisissons concernent essentiellement le transport sédimentaire.
L’année 2011 a été riche en événements :
- la CNR obtient l’autorisation de dragage de l’embouchure.
- l’étude géomorphologique du Doux, indispensable pour obtenir l’autorisation de travaux sur la rivière, est achevée.
- le plan de gestion du Doux s’élabore.
- la qualification des digues du Rhône à Tournon est assurée.
- le bureau d’étude des digues du Doux rend son verdict .
- le PPRI de Tournon met en danger l’entreprise Trigano VDL.
- la mise en application de ce même PPRI est différée.
- Le PPRI de Saint Jean de Muzols est retardé pour cause d’élection.
Détaillons quelques unes de ces actualités.
B – De la confluence avec le Rhône jusqu’au pont de la RN86
Le dernier dragage, à l’embouchure, remonte à 2009 et concernait un volume de 35 000m3. L’évacuation de 60 000 m3 de sédiments supplémentaires est programmée pour faire sauter le verrou hydraulique formé par le stockage des sédiments. Il en résulterait un abaissement de 30 à 50 cm de la ligne d’eau du Doux en crue et une augmentation des vitesses de transit de 0,5 m/s. Ce dragage prévu en 2009 n’est toujours pas réalisé. Les obstacles sont très variés parfois administratifs, parfois techniques, parfois on ne sait plus. Les rebondissements ne manquent pas : refus d’autorisation par la préfecture pour problèmes environnementaux, nouveaux dossiers et nouvelle demande de la CNR, les services de l’État demandent un complément au dossier pour répondre au problème environnemental, finalement l’autorisation est accordée.
Deux tranches de travaux sont prévues :
- dans la partie intermédiaire (entre la confluence et les anciens bassins d’ITDT), 40 000 m3 de sédiments devraient être déplacés vers le Rhône entre septembre 2011 et février 2012, c’est à dire en ce moment.
- dans la partie amont (entre les anciens bassins d’ITDT et le pont de la D86),
20 000 m3 de sédiments seront repris en septembre 2012.
Mais le feuilleton continue : barge non adaptée au terrain, barges bloquées par les hautes eaux du Rhône (impossible de passer sous les ponts), barge de nouveau bloquée à l’embouchure par manque de profondeur, le retard s’accroît (il faut creuser un chenal pour que la barge accède au site de dragage), la date de fin d’autorisation des travaux approche, demande par la CNR de travailler en février, délais accordé, arrêt des travaux pour cause de gel, … Nous sommes très inquiets du retard pris et nos interrogations sont pour l’instant sans réponse :
- les travaux des phases 1 et 2 étant de nature différente, pourront-ils être réalisés entre septembre 2012 et février 2013 ? ou alors,
- les travaux initialement prévus en septembre 2012 seront-ils reportés à 2013 ?
- mais pendant les 6 mois qui séparent ces deux tranches de travaux, les zones draguées ne vont-elles pas se ré-emplir ?
D’autre part, l’excédent sédimentaire du Doux est supérieur à ce qu’il est prévu d’éliminer. Dans sa fiche d’incidence dragage d’entretien, la CNR reconnaît : «La configuration optimale de la confluence du Doux avec le Rhône pour le libre écoulement des crues serait un retour à la configuration « vieux Fonds – vieux Bords» conformément à la situation de 1968 après la construction de l’aménagement de Bourg-Lès-valence. Cette configuration aurait nécessité le dragage de l’intégralité du lit du Doux entre le pont de la N86 et le Rhône, soit près de 115000 m3 de matériaux à extraire. Le projet final, objet du présent dossier propose donc une réduction significative des surfaces et des volumes dragués de manière à préserver une forte diversité d’habitats et une fonctionnalité importante des écosystèmes présents au niveau de la confluence. »
Question supplémentaire :
- quand tous les travaux seront terminés, combien d’années (de crues ?) seront nécessaires pour évacuer le surplus de sédiments sachant que chaque année 8 000m3 transitent dans le Doux dont 6400m3 restent bloqués.
Ces questions nous les avons posées à un responsable de la CNR, voici sa réponse :
« … En tout état de cause, il est peu probable d’atteindre un volume de matériaux déplacés supérieur à 20 000m3 (sur les 50 000 m3 initialement prévus).
Nous prévoyons un redémarrage des opérations dès les premiers jours de septembre 2012. En fonction des travaux effectivement réalisés jusqu’à février, nous étudions la possibilité de lancer une intervention conjointe (terrestre et nautique) qui permette, entre septembre 2012 et janvier 2013, de réaliser la totalité de l’opération prévue.
Cette option sera prochainement soumise à l’approbation de l’Administration. Si cette démarche aboutit favorablement, l’effet cumulé avec les aménagements programmés en amont de la D86 par la CCT dans la foulée des travaux CNR devrait jouer à plein.
L’intervalle de temps d’ici à septembre pourra conduire, en cas d’événement climatique, à un déplacement des matériaux, qui seront alors repris à l’automne à l’occasion du lancement de la dernière phase. Le projet dans son ensemble, n’est donc pas, à ce jour, remis en cause, même si son déroulé est perturbé. »
Pour information : des plantations de sauleraies arbustives vont être réalisées sur les deux rives du Doux afin de compenser la perte de surface de nourrissage des castors.
C – Le Doux à l’amont du pont de l’ancienne RN 86
Concernant l’étude géomorphologique du bassin versant du Doux, nous avons assisté à toutes les réunions auxquelles nous étions invités par la Communauté de Communes du Tournonais. La communauté de communes a réalisé en 2010 d’importants travaux (dessouchage, dévégétalisation et scarification) pour permettre la remobilisation des dépôts (pierres, graviers, alluvions) qui encombrent la rivière et en font monter le niveau, mais les atterrissements sont trop importants pour que ces seules actions fassent baisser le niveau de la ligne d’eau en cas de crue.
L’étude de tout le bassin versant, nécessaire pour élaborer un plan de gestion adapté à la situation, est achevée. Elle confirme que la partie endiguée entre Saint Jean de Muzols et Tournon est nettement engravée, je cite : « plusieurs bancs de graviers se retrouvent fixés sans possibilité d’être repris par l’aval », « ce site doit être en partie délesté de ses matériaux excédentaires ». La solution proposée, en complément de la dévégétalisation, scarification et charruage de la surface des bancs, est la création de deux chenaux de 500m de long, 20m de large et 1,5 m de hauteur. Le volume de matériaux terrassés sera de 2x 15 000m3 . L’objectif est la remise en mouvement des bancs. Les travaux doivent être réalisés entre le 15 mars et fin août (sous réserve de débit faible), et sont complémentaires et non dissociables de la réalisation des dragages de la CNR. Nous savons que les élus attendent les autorisations des services de l’État. et cherchent les financements ; comme nous, ils ont hâte d’entamer les travaux afin que la ligne d’eau, en cas de crue soit abaissée de 30 à 50 cm. Nos interrogations sont de deux ordres :
◊ celles des actions proposées par le bureau d’études.
- Dans la partie endiguée entre Saint Jean et Tournon, les sédiments sont bloqués et s’accumulent depuis 42 ans, combien en faudra-t-il pour les évacuer avec la solution préconisée ?
- Je rappelle un petit calcul: le volume excédentaire est d’environ :42ans X 6400m3 =268 800 m3 et il est prévu d’en soustraire que : 90 000 (CNR) + 30 000 (CCT) soit 120 000m3 ; comment le Doux pourra-t-il évacuer les 140 000m3 restant ? Sans parler de ceux qui arrivent tous les ans ?
- A-t-on des certitudes sur l’efficacité des solutions proposées ?
- Ne serait-il pas plus prudent d’enlever plus de sédiments au lieu d’attendre de voir s’ils partent tout seul ?
- Tant qu’à faire des travaux, autant avoir une plus grande assurance quant au résultat ? Pourquoi risquer un échec et devoir recommencer ?
◊ celles liées au retard pris à la confluence pour faire sauter le verrou hydraulique
- à quelle date sont reportés les travaux, vu le retard du dragage de la CNR ?
- Ne sera-t-il pas trop tard ?
D- Les digues du Doux
A Saint Jean comme à Tournon les études de dangers concernant les digues ont rendu leur verdict. En cas de crue centennale, non seulement le risque de débordement est annoncé, mais est également reconnu le risque de rupture de digues. Les communes doivent donc sécuriser les quartiers habités, par divers travaux afin d’obtenir, en plus de la sécurité, une révision du PPRI (plan de prévention des risques d’inondation). Les travaux de confortement s’élèvent pour chaque commune à plus de deux millions d’euros.
Les dossiers de financement sont en cours de réalisation. D’autre part la révision du PPRI ne sera entreprise que si les deux communes confortent leur digue.
E – Les PPRI
Nous avons assisté à toutes les réunions concernant les PPRI de nos deux communes.
Nous vous avons adressé plusieurs courriers pour vous informer soit des réunions publiques, soit de l’enquête publique pour Tournon ; pour Saint Jean nous vous en ferons savoir la date dès qu’elle sera connue.
Le PPRI de Tournon devait être validé mais l’entreprise Trigano VDL menaçait de fermer le site s’il était maintenu en zone rouge , entraînant la perte de plus de 1000 emplois. Le préfet a alors décidé d’en repousser la mise en application. Le délai ainsi obtenu devrait permettre aux collectivités de faire des travaux de sécurisation de digues et de réduction sédimentaires dans le lit du Doux. Une nouvelle modélisation serait alors refaite avec les nouvelles données, modifiant ainsi la couleur de certaines zones du PPRI.
Le PPRI de Saint Jean est retardé car la période électorale ne permet pas d’effectuer l’enquête publique obligatoire avant l’arrêté préfectoral. Nous pensons qu’il serait logique qu’il bénéficie, lui aussi, d’un délai d’application et d’une révision des zones dans la mesure où il nous a toujours été dit que les consolidations des digues devaient être réalisées en concomitance.
F – CONCLUSION.
L’année 2011 a vu aboutir quelques unes de nos revendications : les demandes d’autorisations aboutissent favorablement. Si le verrou hydraulique est encore bien présent, les verrous administratifs eux, semblent avoir sauté, et nous nous en réjouissons. Nous avons bien conscience que les problèmes soulevés par l’entreprise Trigano ont largement favorisé certaines décisions.
Mais ne perdons pas de vue que notre sécurité dépend plus de l’élimination suffisante de matériaux que de l’élaboration du PPRI. Nous devons rester vigilants pour que les travaux soient effectués le plus promptement possible et qu’un suivi soit assuré.
« Aucun problème ne peut être résolu sans changer le niveau de conscience qui l’a engendré. » Albert Einstein